Sophie Lavaud a gravi son 13ème sommet
de plus de 8000 mètres !
Le mercredi 26 avril 2023, Sophie Lavaud a atteint le point culminant du Shishapangma (Tibet) situé à 8027 mètres d’altitude. L’himalayiste franco-suisse a ainsi réussi l’escalade de 13 montagnes de plus de 8000 mètres sur les 14 que compte la chaîne himalayenne devenant actuellement le français (tous genres confondus) et la suissesse la plus capée.
Désormais, il ne reste plus qu’un sommet à gravir pour Sophie Lavaud afin de réussir son ambitieux projet d’ascension des 14 montagnes les plus hautes de la planète : le Nanga Parbat au Pakistan. Elle revient sur le succès de son ascension et se projette sur la suite.
UNE EXPÉDITION AUSSI INTENSE QUE DIFFICILE
Une semaine après avoir gravi le Shishapangma (Tibet), l’himalayiste franco-suisse Sophie Lavaud est de retour à Katmandou (Népal) où elle prépare ses expéditions. Elle revient sur cette ascension réussie de son 13ème sommet de plus de 8000 mètres : « Rarement j’ai eu aussi froid en expédition ! Le vent, presque constant, nous a bien compliqué l’affaire. Après avoir rejoint le camp de base avancé à 5600 mètres d’altitude et célébré la traditionnelle « puja », nous nous sommes préparés pour l’ascension. Le 16 avril, nous avons d’abord réalisé une première rotation avec une nuit au camp 1, puis une autre au camp 2 et enfin une dernière au camp 2,5 (entre les camps 2 et 3). En effet, le vent nous empêchait alors d’atteindre le camp 3 et nous a cloué sur le plateau à 7100 mètres. Le 19 avril, nous redescendions donc les 17 km jusqu’au camp de base ! Après deux jours de repos, nous avons décidé de repartir vers le sommet car nos météorologues nous indiquaient que la météo serait clémente le mardi 25 et le mercredi 26 ».
UNE MÉTÉO CLÉMENTE AU SOMMET
Yan Giezendanner, le routeur de Sophie Lavaud complète : « La difficulté c’est de trouver une période de temps assez longue pour que l’équipe puisse grimper mais aussi redescendre. Or, selon moi, il y avait une bonne fenêtre météo le mercredi 26 avril. En effet, le risque d’avalanches était faible car il avait neigé la veille et que cela s’était donc stabilisé. Cela permettait ainsi d’atteindre le sommet tard dans la journée. Ce qui est assez peu commun dans ce type d’ascension. Et comme les conditions météo prévues étaient bonnes pour la fin d’après-midi, le soir et la nuit, cela leur permettait de redescendre en toute sécurité ».
AU VRAI SOMMET DU SHISHAPANGMA
Là-haut, Sophie Lavaud et ses compagnons d’altitude font face à une autre réalité : « Une fois le camp 1 atteint, nous choisissons d’aller directement au camp 2,5. Malheureusement, entre les deux, le temps vire à la tempête et nous sommes dix (Kristin Harila, Viridiana Alvarez, Dong Hong Juan, Matias Myklebust, nos cinq sherpas, Pemba, Luther, Tshering, Nima, Pemba, et moi) cloués dans le mauvais temps sans pouvoir rejoindre le camp intermédiaire. Nous montons donc les deux tentes que nous avons et c’est à cinq par tente que nous passons la nuit, ballotés par le vent violent ! Toutefois, le matin du mardi 25, le ciel est à nouveau clair et nous permet d’accéder au camp 2.5. Le lendemain, mercredi 26 avril vers 4h00, l’équipe de tête s’arrache des tentes, malgré les rafales de vent et de neige, et part vers le sommet. Nous attendrons 7h00 pour leur emboiter le pas. Au camp 3, à 7500 mètres d’altitude, il nous est presque impossible de tenir debout. Le vent est extrêmement violent et le doute s’installe en nous … La trace faite quelques heures avant par la « fixing team » est totalement recouverte. Pemba, qui devait m’accompagner, est pris de diarrhées et fait demi-tour. Je me retrouve seule à entamer cette immense traversée. La pente est alors raide et dangereuse. Kristin Harila et Matias Myklebust sont devant moi et Viridiana Alvarez et Dong Hong Juan sont derrière. En tête de cordée, Lama Tenjing Sherpa fait un travail formidable pour ouvrir la voie. C’est ainsi que sept heures plus tard, vers 17h00, nous atteignons le vrai sommet du Shishapangma à 8027 mètres avec une météo parfaite. Là-haut, c’est un sentiment de joie intense qui me submerge et la sensation d’un grand privilège ! Mais rapidement il faut redescendre … À 21h, nous atteignons le camp 2.5, épuisés, après 14 heures d’ascension. Enfin, le jeudi 27 avril, je suis de retour au camp de base à 18h, heureuse d’être retournée sur ce sommet qui fût mon premier 8000, il y a onze ans déjà ».
LE NANGA PARBAT, L'ULTIME DÉFI
À peine rentrée du Tibet, Sophie Lavaud se projette déjà sur la suite : « Je suis heureuse d’avoir réussi l’ascension du Shishapangma pour envisager de finir le projet cette année. Je suis ainsi en train de préparer ma prochaine expédition sur le Nanga Parbat, au Pakistan. Mon départ là-bas pourrait avoir lieu fin mai. Dawa Sangay Sherpa, mon compagnon d’altitude depuis quelques années, devrait également être présent. Le Nanga Parbat est une montagne très difficile à grimper, avec une face austère, beaucoup de chutes de pierre et le fameux passage du « Kinshofer wall ». Notre idée est donc de s’y rendre tôt dans la saison pour tenter d’avoir les meilleures conditions météorologiques possibles en juin. Nous envisageons également de ne faire qu’une seule rotation pour nous rendre au sommet. Cela suppose toutefois d’être très bien acclimaté. C’est ce pourquoi je repars prochainement dans la région du Khumbu pour garder mon acclimatation ».
En réussissant le sommet du Nanga Parbat, Sophie Lavaud deviendrait le premier français (tous genres confondus) et la première suissesse à avoir gravi les 14 plus hauts sommets de la terre.