Terra adventurarum

Le souffle sauvage du Haut Val de Bagnes

Auteur
Claude Hervé-Bazin
Copyright
Verbier Tourisme
Parution
Juillet 2025
Terra adventurarum
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Terra adventurarum

Tandis que Verbier rissole dans son amphithéâtre ensoleillé, bercé par les sonates des plus grands pianistes de la planète, le Haut Val de Bagnes baigne dans des ombres apaisantes, rafraîchies par le chant éternel des torrents. Cap sur une terre providentielle, étonnamment vierge, ramenant à l’essence même de la montagne.

La vallée se referme et la route accumule les lacets, à l’assaut d’une pente rude couverte d’une toile dense de hauts sapins coiffant des sous-bois de myrtilliers. La sensation d’un paysage brut, sans fard, fidèle à ses racines, est puissante. Ici, la montagne n’est pas décor, elle est vivante, parfois farouche, toujours souveraine.

Le jour est levé depuis peu et, dans la solitude d’un petit matin d’été, seul le silence résonne, entrecoupé de quelques cris d’oiseaux tombés du nid. Parti de Fionnay (1'491 m), le chemin grimpe hardiment, dans l’écho sans cesse plus distant de la Dranse murmurant dans l’ombre de l’aube et du crissement des semelles. L’air est vif, franc et le pouls s’accélère au fil de la pente. Objectif: rejoindre la cabane de Louvie (2'245 m), à 2h-2h30 de là.

L’ascension est rude, exposée, enlevée, passant un moment à flanc de dalles. Panoramique, à n’en pas douter. Quelques chaînes aident même à la progression avant que, finalement, torrent franchi, ne s’ouvre l’alpage, semé de fleurs, au lac serti dans un amphithéâtre rocailleux — eaux noires comme l’obsidienne à l’aube, entre turquoise et émeraude à midi. Le silence n’a pas cédé, entrecoupé tout au plus par le sifflement d’une marmotte aux aguets, le cri d’un gypaète crevant le ciel bleu de son ombre géante, ou le roulement des pierres sous les pas assurés d’une harde de chamois ou de bouquetins.

La pause à la cabane s’impose. Prenant le soleil, quelques chaises longues s’alanguissent, pieds dans l’herbe. La chatte Chips roucoule. Polenta, fondue, assiette valaisanne… les petits plats de Claudia ont de quoi requinquer n’importe quel marcheur. De quoi carburer plus avant vers le col Termin (2'648 m), sur le mythique sentier des Chamois filant vers Verbier, l’œil aguiché, à bâbord, par les moraines, glaciers et sommets étincelants du Grand Combin. Plus haut, plus âpre, plus puissant encore, le cœur du Haut Val de Bagnes bat ici, invitant à l’essentiel, à se mesurer à plus grand que soi, dans le sentiment rare d’avoir enfin trouvé quelques arpents d’une terre restée libre, insoumise au temps compté. Et pourquoi pas une nuit là-haut, en cabane, au plus près du vent et des étoiles — filantes ou non ?

verbier.ch

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