Et Pise

régna sur les mers

Auteur
Claude Hervé-bazin
Copyright
Claude Hervé-bazin
Parution
10.03.2016
Et Pise
Et Pise

Sa tour penchée l’incarne. Mais sur quoi se penche-t-elle? Sur près d’un millénaire d’une histoire féconde, qui a vu la ville régner sur les mers et inventer la beauté en pleine parenthèse médiévale. À ses pieds, c’est la Toscane éternelle qui s’étend, toute de terrasses ensoleillées et de pins maritimes.

Si sa fondation plonge dans les mythes antiques, Pise doit en vérité tout à la mer : c’est la Méditerranée, avalant l’Arno à son embouchure, qui a fait sa gloire et sa fortune. Commerçants plus que conquérants, ses marins ont très tôt entretenu une flotte considérable, cinglant jusqu’aux rivages barbares. Au XIe et XIIe siècles, leur sens de l’aventure vit la mer Tyrrhénienne, puis la Méditerranée occidentale, devenir des prés-carrés pisans. Le pillage de Palerme, puis celui des Baléares, encore musulmanes, financèrent la construction d’un ensemble considérable de monuments: le Campo dei Miracoli.

Classée au patrimoine mondial par l’Unesco, la piazza del Duomo – comme on l’appelle aussi –, cœur religieux et monumental de la ville, étend ses fastueux édifices romans et ses pelouses où l’on pique-nique dans l’écrin de murs puissamment crénelés. Première bâtie, dès 1064, la cathédrale allie marbres verts et blancs dans des proportions ailleurs inconnues à l’époque. Sa dentelle de pierre, sa forêt de colonnettes graciles, comme celles du baptistère voisin aux arrondis généreux, préfigurent, bien avant la Renaissance, un monde déjà plus sûr de lui, davantage soucieux de beauté que de défense.

Tout ici en appelle au grandiose et aux regards éberlués: la nef coiffée d’un fantastique plafond à caissons doré, la chaire aux lions foisonnant de personnages sculptée par le grand Giovanni Pisano, les mosaïques d’un Christ Pantocrator XXL tapissant les voûtes de l’abside de sa sereine tutelle – influence byzantine. Rien, toutefois, ne saurait égaler la célébrissime tour penchée à son chevet. On l’a vue mille fois, sans doute. Mais a-t-on vu, de près, la finesse extrême de ses huit étages de marbre de Carrare lancés vers les cieux comme une invitation au merveilleux? Elle penche, certes (de 3,97° précisément). Mais elle a penché davantage (jusqu’à 5,66°) avant que les spécialistes n’interviennent, imaginant 1001 subterfuges pour empêcher sa chute finale. Depuis 2013, elle se redresse même toute seule!

Au-delà, l’ocre rose et le jaune tapissent comme il se doit les façades baroquisantes aux volets verts, au pied desquelles les trattorie et les gelaterie coulent des jours heureux. Des portails et des hauts murs cachent des jardins que l’on imagine secrets et des cyprès hissent leur vigie.

Au-delà, encore, toute la Toscane est une promesse.

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Depuis le 1er février 2016, easyJet assure une liaison directe entre Genève Aéroport et la ville de Pise. Les trois rotations hebdomadaires, programmées les lundi, mercredi et vendredi, ont été conçues pour faciliter les week-ends prolongés de 4 jours, avec un départ tôt le vendredi matin et un retour le lundi soir ! Avec la tour penchée à moins de 4 km du tarmac, la belle Lucques à 15 mn de route et Florence à 45 mn, Pise se transforme en gateway pour tous les Romands amoureux de la Toscane. www.easyjet.com

www.gva.ch

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